4 août 1583 - L'église des
Capucins d'Orléans, qui avait été bâtie des, aumônes et dons des
Orléanais, étant finie, l'évêque d'Orléans Mathurin de La
Saussaye, en fait la consécration.
La, contagion étant dans Orléans à cette époque, les maire et échevins
achètent de Jean Lami et Agnès Fillou, sa femme, une maison rue du
Pommier Rouge, près, des remparts, au nord du Grand Cimetière de la
ville, pour y bâtir un hospice et y retirer les pestiférés.
Cette rue, depuis cet établissement, prit le nom du Petit
Sanitas, au lieu de celui du Pommier Rouge qui était son nom primitif,
Les pestiférés étaient nourris et logés pour tout le temps que durait
la contagion, et une forte somme d'argent fut prélevée sur les
habitants pour subvenir à la dépense de cette maison.
Cette contagion
était si terrible à Orléans à cette époque, que l'on n'enterrait les
morts que la nuit, et une cloche que l'on portait devant eux
avertissait les personnes. Bien portantes de se cacher.
On plaça, sur les maisons où il y avait des malades, des écussons aux
armes de la ville, pour empêcher d'y entrer : les pauvres étaient
obligés de porter, lorsqu'ils étaient convalescents, un médaillon de
papier très fort attaché à leurs habits, pour annoncer qu'ils étaient
encore malades.
La ville en fit faire plus de 420 de cette espèce, où étaient aussi peintes les armes de la ville.
On fit, indépendamment de la taxe imposée sur les habitants, des quêtes
dans toute la ville, et chaque paroisse d'Orléans fut imposée à une
somme d'argent qui donna 13035 écus, lesquels furent employés avec les
autres dons au soulagement des pauvres pestiférés, à l'achat des
remèdes et à l'entretien du bâtiment qui les renfermait.
Cette cruelle maladie tuait presque tous ceux qu'elle frappait, et
dégénéra bientôt en véritable peste qui exerça sa violence pendant
plusieurs années, ravageant tantôt une province, tantôt une autre, sans
qu'une seule du royaume en fut exempte.
Elle fit mourir plus de la quatrième partie du peuple de la France, et rendit Orléans presque désert :
on cite par exemple, dans les manuscrits du temps, que dans une
seule petite rue de cette ville , la rue de la Corroyrie, où
demeuraient les ouvriers tanneurs, près de St Donatien et Rogatien , il
mourut 3o hommes mariés, pères de famille, qui laissèrent leurs femmes
veuves, ce qui fit donner à cette rue le surnom de la rue des Trente
sans Hommes.
Extrait des principales dépenses auxquelles donna lieu la contagion
Payé
à Jacques Bourdais , curé de Brilly Boulay, 22 escus d'or soleil, pour
le mois de octobre prochain , pour la retenue de sa personne , pour
administrer les saints sacrements aux pauvres malades de la contagion
de la ville et forsbourgs, payé par advance.
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A
Jehan Buret, fondeur, pour trois clochettes à main , pour estre portées
sonnantes par les corbeaulx qui portent les corps des décédés de la
dicte contagion au cyinetiere de la dicte ville, afin d'advertir ung
chascun de se retirer de la voye par où passoient ou dévoient passer
lesdits corps des décédés.
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éscus alloués à François Hauthault, archer de la cinquantaine, commis à
avoir l'œil et soings sur les habitants de la ville qui sont ou se
trouveront atteints de la maladie de la contagion ; pour le mois de
novembre, payé par avance le dernier d'octobre.
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Ordonnance
de police qui alloue 22 escus soleil, à Simon Hamoniere curé de saint
jehan le blanc, qui avoit pris le soin des contagiers, à la place d'ung
prestre qui estait auprès d'eulx; payé par avance.
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Quittance de Nicolas Bouchard, maître barbier et chirurgien, commis à
panser et medicamenter les malades de la maladie contagieuse qui est à
présent en la ville, 20 escus deux tiers par moys, payés par advance. |
 Payé à François Bouthault, Prevost de la santé de la dicte ville, 6
escus d'or, 40 sous tournois, pour pareille somme qu'il a distribuée à
237 pauvres, tant hommes que femmes et enfans, pour ce qu'ils se
tiennent en leurs maisons, sans aller mendier,
Savoir, à 33 hommes à raison de 3 sous tournois.
à 99 femmes,. à raison de 2 sous tournois.
à 103 enfans, à raison de 1 sous tournois ,
Tous malades de la contagion, cy, 237 malades. |
Au même, 7 escus soleil, 38 sous tournois pour ausmône distribué ce
jour, par ordre de monseigneur le prevost et commis, pour le faict de
la police, sçavoir, à 36 hommes, 112 femmes, 126 enfans tous malades de
la contagion, pourqu'ils ne vaguent pas par la ville, cy, 274 malades.
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Au même, le premier novembre, 8 escus, 22 sous tournois, à 3oo malades.
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Au même, le 11 novembre, i3 escus, 4 deniers tournois, à 25 hommes, 112 femmes et 140 enfans malades, 297.
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Au même, le 4 novembre, i3 escus d'or, 3 sous tournois, à 80 hommes, 4 femmes et 4o enfans contagiers, cy, 287.
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Au même, le 8 novembre, 7 escus d'or soleil, 1 sous tournois, pour 247.
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Au même, 11 novembre, 10 escus d'or, 45 deniers tournois, pour 48 hommes, 63 femmes et 67 enfans, cy, 178.
Total, 1,920 pauvres contagiers. |
A
Jehan Gauchier, paintre, pour avoir peint sur papier 420 escussons, et
sur chascun trois cueur (cœurs) de lis, pour mectre sur les habits des
pauvres malades de la contagion, afin d'estre cogneus (connus), et pour
afficher aulx portes des maisons infectées, à raison d'ung sol chasque
des escussons, 7 escus, 21 livres.
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A
Loys Bigot, meusnier (meunier), pour le desdommager de certains
perthuis (ouvertures) faits pour porter les corps au cymetiere Saint
Lorent, 3 escus.
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A
Georges Loison, potier d'estaing, pour la vente de deux ciboires
d'estaing qui ont servy aulx deulx hommes d'esglise à porter le Saint
Sacrement de l'esglise, i escu 5 sous.
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Pour
boitgran, boucassin et satin de Bruges à faire des estolles pour les
deulx hommes deglise (prêtres), pour tout ce, 2 escus 13 sous.
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A
Sebastien, cousturier, Vung des corbeaulx (porteurs de corps morts que
le peuple d'Orléans, appelle aujourd'hui croque-morts), du prevost de
la santé (charge qui était créée à Orléans lorsqu'il y avait peste ou
contagion ), pour fourniture de deulx manuels et ung missel, 1 escu 20
sous.
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A
Marie Guestier, foussier (fossoyeur), pour ses salaires d'avoir inhumé
au grant semetiere de ceste ville, tant de jour que de nuict, les corps
morts de la dicte contagion, durant les mois de octobre et demje
novembre, 2 escus.
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Délibération
pour une taxe, parce que la maladie de la contagion estoit grande à
Orléans ; pour payer les hommes d'esglise, le prevost de santé, et leur
louer une maison assise derrière le grant semetiere, à l'opposite du
rempart, ïe grant Hospital-Dieu et Maison-Dieu d'Orléans, à présent
remply et infecté de personnes malades. . . . Choisir ung lieu propre a
retirer les malades, aullre, toutefois que le grand semetiere. . . .
Recevoir aulsj les malades qui voudront être gouvernés à leurs frais et
despens. »
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Lettres
patentes qui permettent de lever pareille somme que montent deux
quartiers de l’ausmone général, et nomment Robert Charpentier récepteur
particulier pour le fait t de la contagion.
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Illustration de la Peste noire tirée de la Bible deToggenburg (1411).
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